Hier soir j’ai été voir le magnifique « Théorème de Marguerite » au cinéma. Dans un moment de difficile intimité, Marguerite, grande introvertie, arrive à exprimer ce qui l’a plongé dans une obsession des mathématiques dès le collège : son besoin de résoudre des équations, en quête de vérité face à l’angoissante immensité de l’univers. Elle a puisé une force pour les mathématiques à la hauteur de l’angoisse qu’elle traversait enfant lorsque son père a quitté sa mère.
Ça m’a fait réfléchir à notre besoin de mettre de l’ordre là où il nous échappe.
À l’image des forêts que l’on aligne artificiellement là où elles foisonnent naturellement. Ou à l’image des fruits et légumes que l’on standardise là où ils sont originellement si multiples. Ou encore à l’image des autoroutes que l’on construit là où de multiples sentiers pouvaient nous mener.
J’ai longtemps résisté à mettre de l’ordre chez moi. Sauf contrainte extérieure, le désordre peut facilement prendre le dessus. Vaisselle, vêtements, objets… « ça peut bien attendre encore un peu », au grand dam de mes parents, puis de mon cohabitant actuel.
Alors je m’interroge : serait-ce une forme d’abnégation face au chaos originel ressenti - certes inconsciemment ? Est-ce quelque chose à rectifier rapidement pour se prendre en main ? Ou est-ce une façon de laisser l’imprévisible et la création surgir ? À quel point devons-nous nous éduquer à l’ordre ?
Ayant à priori loupé une vocation de génie à l’image de notre Marguerite, c’est plutôt l’harmonie qui m’intéresse aujourd’hui… Sentir la légèreté m’habiter dans une danse entre ordre et chaos, entre quête et confiance, entre création et construction.
Selon le philosophe Henri Bergson « Le désordre, c'est la déception d'un esprit qui trouve devant lui un ordre différent de celui dont il a besoin. » Pour lui, l’univers est ordonné, « le désordre est simplement l’ordre que nous ne cherchons pas ». Les étoiles ainsi dispersées ne seraient-elles pas parfaitement ordonnées ?
Il y a encore matière à méditer... ! Qu’en dites-vous ?
Sur ce, belle journée (dés)ordonnée !
Élise