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être "prof de yoga"


Il y a deux ans, alors que je formulais, non sans une nouvelle petite gêne anticipée, mon métier à un libraire, je l’entendis me répondre : « vous savez, je vois passer depuis 10 ans de plus en plus de livres sur le développement personnel et mon avis c’est qu’il s’agit de la dernière invention du capitalisme pour nous faire supporter l’exploitation de l’homme par l’homme ».

Ça m’a choqué. J’ai pensé qu’il mélangeait tout tout en ayant complètement raison ! J’ai quand même rétorqué : « ah bon ? Le yoga est avant tout un outil émancipateur au service de la libération de chacun ! ». C’est comme ça en tout cas que je l’ai senti dans mes tripes en 2015 quand, suite à ma première dizaine de séances, j’ai osé démissionné de mon job de commerciale sous pression qui me rendait malheureuse.

Et puis, quel est le rapport avec le développement personnel ?

Depuis, guidée par un malaise autour de cette profession, j’ai décidé de faire pas mal de pas de côté sur le yoga tel que je voyais grandir autour de moi : un outil avec une promesse de mieux-être pour supporter les aléas d’une vie de plus en plus rapide et éprouvante. Devenir plus mince, flexible et spirituel.le, car c’est comme ça que le bonheur se laisserait entrevoir, quasiment uniformément. Le rapport avec le développement personnel est sûrement là.


Je me suis intéressée à la philosophie, du yoga mais pas que, j’ai suivi des ateliers et lu des livres qui m’ont ouvert l’esprit et renseignés. J’ai aussi ouvert mon regard sur la pluralité des chemins qui permettent, pour moi, une meilleure reliance corps et esprit : la psychanalyse, l’art, la danse, la marche, le chant, le lien social…

Malgré lui, en se démocratisant à notre époque « néolibérale » où la responsabilité individuelle de croitre s’immisce dans chaque pan de notre vie, le yoga est majoritairement rentré dans la spirale du « mieux, mieux, plus, plus, encore, constamment ». Dans les postures, dans la souplesse, dans la force, dans le calme, dans la sagesse... dans une course effrénée vers une optimisation de « l’être en bonne santé ».

On peut aussi dire qu’il s’est démocratisé grâce à notre époque : les gourous indiens ont pu se déplacer en occident et réciproquement, l’information a circulé, les formations se sont démultipliés.


Mais quelle « prof de yoga » je veux être aujourd’hui ? Cette question n’a pas fini de me faire travailler mais la connaissance progressive de l’histoire du yoga, de sa philosophie, de ses systèmes et de ses pratiques me permet, de mieux en mieux, de définir mon sujet et donc d’y trouver une plus juste place, dans laquelle m’épanouir et transmettre avec plus d’aisance.


Une place qui, je l’espère, fait la part belle à la joie, à l’esprit critique, à la diversité, à l’inclusion, à la connaissance, à la vulnérabilité au service de la créativité, et à une plus douce présence à soi, et au monde.


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